Quel Amour ?! au [mac]
À nos amours
Pilotée par Éric Corne, l’exposition Quel Amour !? au [mac] pose la grande question de la signification et de la complexité de l’amour. Portée par de grands artistes, elle ne manque pas de représenter le sentiment dans toutes ses définitions, de la plus belle à la plus triste.
L’amour est universel. Il est ce qui cultive à la fois « l’interrogation et l’exclamation ». L’exposition Quel Amour !? nous transporte dans les profondeurs de ce sentiment inexplicable mais si fort que nous avons tous en chacun de nous.
Nous sommes accueillis dès l’entrée par les Mains de Bienvenue de Louise Bourgeois, qui se tendent vers nous comme pour nous rassurer et nous accompagner dans notre cheminement. Cette présence physique pose les bases de ce qui suivra : une exposition qui exalte le sentiment amoureux sous toutes ses formes.
Il est le sentiment le plus recherché par chacun. Il est le plus répandu et celui qui lie les personnes entre elles. C’est ce que l’exposition tend à nous rappeler : la pluralité et la complexité de l’amour à travers des productions plastiques variées. Plus de 150 œuvres sont ainsi exposées. Parmi elles, des peintures, des installations, des vidéos, des photographies ou bien encore des sculptures retranscrivent un amour tantôt tiraillé, tantôt passionné.
Des artistes mondialement reconnus et de toutes générations, comme Nan Goldin, Louise Bourgeois, ou encore Francis Bacon, présentent leur vision de l’amour, de la plus belle à la plus triste. Pendant que certains nous dépeignent l’amour passionnel à deux, comme le fait Annette Messager avec son œuvre Couteau-baiser, d’autres comme Duane Michals et sa série Chance Meeting nous suggèrent un amour unilatéral bien plus désenchanté. Cette visite n’est heureusement pas marquée par cette bipolarité extrême. Bien au contraire, elle explore toutes les nuances du sentiment et toutes ses particularités. Cette exposition éclectique, ponctuée par la présence d’artistes du monde entier comme Chéri Samba (Congo), Bhupen Khakhar (Inde) ou encore Tsuneko Taniuchi (Japon), nous rappelle à tous que l’amour est universel.
Mais comme l’amour, c’est mieux à deux, des productions ont été réalisées en binômes : Marina Abramovic et Ulay, Elisabeth et Gérard Garouste, Axel Pahlavi et Florence Obrecht… De leurs « collaborations… ou cohabitations » naissent des œuvres qui témoignent d’une réflexion complice et parfois même intime entre eux.
Comme une volonté de faire entrer en jeu les sentiments des spectateurs et de faire un écho au thème de l’exposition, chaque visiteur va laisser libre court à ses attirances et choisir entre les deux entrées qui sont proposées dès les début de la visite, avec d’un côté Kiki Smith et de l’autre Joana Vasconcelos. Mais ce qui est frappant dans Quel Amour !?, c’est le rythme auquel s’enchaînent les œuvres et la manière dont elles dialoguent entres elles. Car même si la visite peut se faire dans deux sens différents, cela ne rend pas la déambulation illogique dans le sens inverse, toutes les œuvres se font écho et deviennent constitutives d’un ensemble.
Majoritairement glorifié dans les différents tableaux, à la manière de Paramour de Jean-Luc Verna, l’amour est parfois montré de manière plus délicate et désacralisée. Il devient alors un élément qui tombe dans la banalité du quotidien, à la manière du diaporama All By Myself de Nan Goldin.
Cette coproduction du [mac] et de MP2018 nous attire, nous pousse dans nos questionnements sur l’amour et toutes ses définitions.
Magnifiquement mise en scène par instants, l’exposition n’a pas peur de toucher à l’érotisme, voire au sexuellement explicite : scènes d’orgies, allusions évidentes… Évidemment, les mineurs n’auront pas la possibilité de voir toutes les productions, certaines parties étant réservées aux adultes.
Si nous considérons que le contraire de l’amour n’est pas la haine mais plutôt l’indifférence, Quel Amour !? nous expose une série d’œuvres qui ne laissera personne insensible et saura attirer l’attention de chacun pour nous transporter dans ce que ce sentiment nous fait vivre. La force de cette exposition n’est non pas de proposer une réponse à l’amour, mais de laisser le libre choix au spectateur de se faire le sien en montrant des œuvres qui témoignent de toutes les subtilités du sentiment amoureux. Nous ne sommes peut-être que spectateurs, mais ce sentiment est plus fort que nous.
Théo Renoux
Quel Amour ?! : jusqu’au 2/09 au [mac] (69 avenue d’Haifa, 8e).
Rens. : 04 91 25 01 07 / www.mp2018.com / culture.marseille.fr